Friday, October 1, 1999

Droits de l'Homme et perspective sociales

Published in "Chroniques Sociale" (Publication of the Lebanese School for Social Work; Saint-Joseph University; Beirut-Lebanon)


Plusieurs personnes se sont demandées (d’autres le font encore peut être ), la raison pour laquelle le cours des droits de l’Homme a été intégré dans le cursus des études en formation sociale.

Il est certain que le travail social permet au personnel en exercice de rencontrer de multiples violations de droits. Il est certain également qu’avec ou sans ce cours, tout être humain est sensible à ce genre de problèmes. Mais rares sont ceux qui connaissent la “conduite à tenir” dans des cas pareils. Et c’est justement cet objectif que nous désirons atteindre à travers ce séminaire -cours.

Que de fois on vient nous transmettre des cas épouvantables, et à la question “ Qu’avez vous fait?” notre interlocuteur s’étonne, soit ne répond pas, soit nous demande à son tour: “ Que pourrait-on  faire?” La réponse à cette question et à beaucoup d’autres est donnée à travers ce cours, aux étudiantes de l’ELFS, qui réalisent désormais que les droits de l’Homme ne sont pas seulement “affaires politiques” et que les violations classées “sociales” sont aussi fréquentes et ahurissantes  que  les autres. 

Dans un pays comme le notre, ou les critères de l’état de droit ne sont pas respectés, le seul moyen de faire face à cette situation humiliante est de maîtriser la technique de la “dénonciation active”, qui impose à l’individu (pas nécessairement membre d’une organisation non - gouvernementale) de bien préparer le dossier d’une violation et de faire un suivi rigoureux et efficace avec les instances concernées. Car le fait de se contenter de paroles n’a jamais produit d’effet. L’ultime but  des organisations non - gouvernementales des droits de l’Homme, n’est certainement  pas de se substituer aux autorités, mais d’exercer la plus grande pression  afin que ces autorités agissent dans le respect de la dignité humaine.                                                       

D’aucuns prétendent que  la situation actuelle au Liban (forces armées étrangères, paix artificielle…) tient lieu de paradoxe à l’action dans le domaine des droits de l’Homme, ou de circonstances permettant son non-accomplissement. Afin de conserver une place “médiatique”, certains se défendent en affirmant se contenter de  disséminer la culture des droits de l’Homme: C’est le concept le moins rationnel qui soit car nul  ne peut  jamais disséminer une culture sans être présent sur le terrain à travers une action directe. Le fait de sélectionner les cas suivant les susceptibilités politiques constitue le danger le plus imminent à l’ensemble des droits de l’Homme.

Je voudrais terminer cet article en remerciant le Recteur de l’Université, la direction (ancienne et actuelle) ainsi que toute l’équipe de l’ELFS pour toute la compréhension et le soutien indispensables au bon déroulement du cours.
 

Saturday, May 1, 1999

Permis...mais

Published in "Arc en Ciel" (Magazine of the international NGO “Nouveaux droits de l’Homme”; Paris- France)
 

Le gouvernement libanais vient d’abroger le décret d’interdiction de manifester en vigueur depuis 1994. Les droits de l’Homme sont inhérents à  la personne humaine et c’est justement à cause de cette concomitance entre l’être humain et ses droits fondamentaux que je n’ai pas l’intention de louer ce qu’on appelle au Liban “le nouveau régime”. C’était la moindre des choses que d’annuler ce décret, et pour pouvoir prétendre être “démocratique”, ce même nouveau régime ( avec ses quelques anciens piliers) aura beaucoup à faire en matière de droits de l’Homme (pouvoir judiciaire, liberté d’expression, tribunal militaire…). Cependant, ce qui attire l’attention, c’est que les organisateurs de toute manifestation doivent obtenir la permission du ministère de l’intérieur. C’est ce qu’on appelle un pas en avant, deux pas en arrière.

Surtout que le Ministre de l’intérieur reste l’inamovible Monsieur Michel MURR, alias “champion des libertés publiques”. Une autre coïncidence (importée de chez les “décideurs” parait-il) c’est que c’est le même Monsieur MURR qui a interdit les manifestations en 1994 qui doit les réglementer jusqu’à nouvel ordre. Il y a alors actuellement un plus grand espace pour l’exercice  d’une autorité arbitraire, surtout au niveau d’un ministère (et d’un ministre) qui n’apprécient pas du tout l’existence et la pratique des droits de l’Homme. N’est ce pas la même personne qui a une fois demandé (gentiment) aux citoyens de sacrifier un peu de leurs libertés pour obtenir ce qu’il a appelé “la sécurité”; comme si la prospérité de l’une ne se réalisait qu’aux dépens de l’autre. N’aura  -t- on pas vu (certainement pas au Moyen-Orient) des pays ou l’une renforce l’autre et vice - versa?

Pour être bien clair, cette décision reste amputée si la liberté de manifestation sera soumise à un quelconque organisme officiel, quel qu’il soit. Il est évident que les forces de l’ordre ont l’obligation de préserver la sécurité des manifestants et des autres citoyens (ainsi que de leurs biens), mais cela ne suppose sûrement pas la demande d’une permission. On pourra toujours “informer” ( et je dis bien informer) les autorités concernées  de la date et de l’itinéraire de toute manifestation sans que toutefois une permission ne soit exigée. C’est ce qui se passe dans les pays démocratiques.