Saturday, May 1, 1999

Permis...mais

Published in "Arc en Ciel" (Magazine of the international NGO “Nouveaux droits de l’Homme”; Paris- France)
 

Le gouvernement libanais vient d’abroger le décret d’interdiction de manifester en vigueur depuis 1994. Les droits de l’Homme sont inhérents à  la personne humaine et c’est justement à cause de cette concomitance entre l’être humain et ses droits fondamentaux que je n’ai pas l’intention de louer ce qu’on appelle au Liban “le nouveau régime”. C’était la moindre des choses que d’annuler ce décret, et pour pouvoir prétendre être “démocratique”, ce même nouveau régime ( avec ses quelques anciens piliers) aura beaucoup à faire en matière de droits de l’Homme (pouvoir judiciaire, liberté d’expression, tribunal militaire…). Cependant, ce qui attire l’attention, c’est que les organisateurs de toute manifestation doivent obtenir la permission du ministère de l’intérieur. C’est ce qu’on appelle un pas en avant, deux pas en arrière.

Surtout que le Ministre de l’intérieur reste l’inamovible Monsieur Michel MURR, alias “champion des libertés publiques”. Une autre coïncidence (importée de chez les “décideurs” parait-il) c’est que c’est le même Monsieur MURR qui a interdit les manifestations en 1994 qui doit les réglementer jusqu’à nouvel ordre. Il y a alors actuellement un plus grand espace pour l’exercice  d’une autorité arbitraire, surtout au niveau d’un ministère (et d’un ministre) qui n’apprécient pas du tout l’existence et la pratique des droits de l’Homme. N’est ce pas la même personne qui a une fois demandé (gentiment) aux citoyens de sacrifier un peu de leurs libertés pour obtenir ce qu’il a appelé “la sécurité”; comme si la prospérité de l’une ne se réalisait qu’aux dépens de l’autre. N’aura  -t- on pas vu (certainement pas au Moyen-Orient) des pays ou l’une renforce l’autre et vice - versa?

Pour être bien clair, cette décision reste amputée si la liberté de manifestation sera soumise à un quelconque organisme officiel, quel qu’il soit. Il est évident que les forces de l’ordre ont l’obligation de préserver la sécurité des manifestants et des autres citoyens (ainsi que de leurs biens), mais cela ne suppose sûrement pas la demande d’une permission. On pourra toujours “informer” ( et je dis bien informer) les autorités concernées  de la date et de l’itinéraire de toute manifestation sans que toutefois une permission ne soit exigée. C’est ce qui se passe dans les pays démocratiques.